Histoires de l’art PANDC
Tout comme l’art est inévitablement mêlé à la culture, il est aussi intimement lié à l’histoire. Pour Primary Colors/Couleurs primaires, il est crucial de mettre au premier plan l’histoire des 500 dernières années, l’histoire du colonialisme au Canada et son impact sur notre compréhension de l’art. Pour les artistes autochtones, cela signifie imaginer, apprendre, renouveler et, dans certains cas, innover des formes d’art qui existent ici depuis des milliers d’années.
Pour les artistes noirs et de couleur, cela signifie être conscient de la façon dont nos peaux sont liées à l’histoire, comment le racisme a trié une grande partie de ce que nos familles ont amené ici dans des silos appelés « primitifs », « populaires », « ethniques » ou « artisans ». Ce genre de délimitation a aussi, jusqu’à tout récemment, miné la signification de l’art autochtone.
Il n’est pas facile de trouver de l’information utile, exacte ou complète sur ces formes d’art au Canada qui demeurent pratiquement invisibles. Quelles sont les multiples traditions artistiques sur ce territoire qu’on appelle le Canada? Grâce au Multiculturalisme avec un grand « M », nos bibliothèques sont remplies de livres, de vidéos, de papiers, d’enregistrements audio des différents peuples qui ont vécu sur cette terre depuis des millénaires et de ceux qui ont immigré ici. Mais qu’en est-il de leur art?
Nous avons également accordé la priorité à la période qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, soit de 1950 à 1985, puis jusqu’en 2025. De 1950 à 1985, le gouvernement canadien a pris la décision de lancer une initiative d’édification culturelle de la nation. Durant cette période, la plupart de nos principales infrastructures artistiques ont été construites : théâtres régionaux, lieux de production médiatique et réseau régional de galeries publiques. De nombreux organismes artistiques nationaux ont également vu le jour, dont le Conseil des Arts du Canada.
Presque toute cette infrastructure se concentrait sur les formes d’art eurocentriques : le ballet, la musique symphonique et l’opéra européens, ainsi que les dérivations du théâtre britannique et français. Pendant ce temps, les artistes PANDC étaient le plus souvent ignorés parce que leur travail ne faisait pas partie des « beaux-arts ». Nous voulons mettre l’accent sur les pionniers dont le travail s’est intégré au courant dominant ou dont l’activisme artistique a modifié les définitions actuelles de ce qu’on entend par culture(s) canadienne(s).
* REMARQUE : Toute nomenclature faisant référence aux personnes racialisées peut être problématique. Cette dénomination peut être incomplète, imprécise et elle change avec le temps. PANDC est un terme contemporain qui désigne les Personnes Autochtones, les Noirs et De Couleur. Son origine se trouve aux États-Unis, où le terme est exprimé par BIPOC (Black, Indigenous, and People Of Color). Cette formulation est parfois utilisée au Canada également. Nous nous efforçons de toujours placer les « Premiers Peuples en premier », c’est pourquoi nous utilisons l’acronyme plaçant les autochtones d’abord, soit PANDC.
L’expression « personnes de couleur » a une longue histoire, quelque peu contestée, qui remonte à plus de 200 ans. L’utilisation actuelle provient de son renouvellement dans les années 70 et 80 aux États-Unis. Elle a été revitalisée, utilisée à titre de terme moins insultant pour « non blanc », pour décrire tous les peuples qui sont racialisés par la suprématie blanche et qui sont donc soumis au racisme. Il est important de noter qu’il incluait les peuples autochtones qui avaient été nommés « Amérindiens » dans le territoire connu sous le nom d’États-Unis.
Au Canada, les peuples autochtones ont immédiatement rejeté cette amalgamation, ne souhaitant pas être inclus dans l’expression « personnes de couleur » ni même dans aucune notion des politiques canadiennes en matière de multiculturalisme, par exemple, l’expression officielle descendante du gouvernement canadien : minorité visible.
Par conséquent, le terme PANDC, plus récent, a été créé comme une nouvelle formulation de ces histoires entrelacées de racisme. Les militants et les universitaires noirs ont insisté à juste titre sur le fait que l’histoire odieuse de la traite des esclaves de l’Atlantique dans les Amériques donne une résonance à l’histoire des Noirs qui ne peut être facilement mise dans le même sac que l’expression « personnes de couleur ».
Il reste à voir si la formulation des PDC tombera en désuétude (juste au moment où la société dominante commence à s’y habituer!) parce que d’autres groupes raciaux avec des histoires spécifiques et séparées ne voudront pas non plus être mêlés dans les paramètres de ce terme. Pour l’instant, PANDC (ou BIPOC aux USA) a une forte présence.
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