Décolonisation
Nous nous intéressons principalement à la décolonisation des arts, bien qu’il soit impossible de dissocier complètement la décolonisation de ses racines historiques dans le contexte politique de l’après-Deuxième Guerre mondiale. Nous entendons par là que la décolonisation se réfère aux États-nations qui avaient été sous la domination coloniale de pays étrangers, principalement européens, rompant avec ces empires pour devenir des États « indépendants ». En ce qui concerne les Amériques, il est directement question des nations autochtones.
Dans son contexte actuel, la décolonisation en est venue à inclure ces luttes politiques, mais aussi un impératif plus général d’autodétermination. Dans la société contemporaine, cela peut se réaliser de manière culturelle, émotionnelle, spirituelle et psychologique. « Ne colonisez pas mon corps. » « Les religions sont elles-mêmes pernicieuses; elles doivent se décoloniser. » « Les universités au Canada tentent de se décoloniser... mais est-ce réellement possible? »
La décolonisation des arts exige ces trois éléments :
1. Le système des arts canadiens ne peut pas continuer de privilégier les formes artistiques européennes, d’où l’urgente nécessité de placer les formes d’art autochtone, traditionnelles et contemporaines, au centre de nos préoccupations, en plus d’insister sur le fait que les formes d’art qui sont arrivées au Canada sont des éléments essentiels de la « culture canadienne » et doivent donc être comprises et évaluées dans le contexte canadien.
2. Les conséquences de la décolonisation ne se limitent pas à donner un « accès » ou à « inclure » ces pratiques artistiques, puis à reprendre la routine artistique habituelle, comme si de rien n’était. Cela implique des changements structurels profonds dans la vision, les mandats, les politiques et la programmation. La décolonisation va bien au-delà du multiculturalisme. Cela implique que les institutions et les organisations artistiques modifient les relations de pouvoir qui sous-tendent les hypothèses sur ce qu’est l’art, qui le produit et qui en constitue le public.
3. La décolonisation prendra du temps. Les structures et les attitudes qui découlent du colonialisme et qui ont imprégné le système artistique pendant des décennies ne changeront pas du jour au lendemain. Collectivement, les artistes et les militants PANDC du milieu des arts commencent à peine à comprendre ce que signifie la décolonisation et quelles méthodologies ont vraiment un impact sur le milieu. Il semble y avoir un empressement d’autochtoniser, mais cela peut se produire ou non avec le temps. Des communautés artistiques autochtones naviguent à travers les complexités de l’autochtonisation, certains ne pensent même pas que cela soit possible ou même souhaitable dans un contexte d’autodétermination artistique autochtone. Cependant, il est clair qu’il ne peut y avoir d’autochtonisation sans décolonisation.