Prayer is good O! est une conversation téléphonique avec ma mère qui illustre un rituel que nous entretenons depuis 35 ans.Chaque année, le jour de mon anniversaire, elle récite la même prière en yoruba; quand je me sens un peu triste, je l’appelle pour lui demander une bénédiction.Ce rituel est l’un des moyens par lesquels nous avons tissé des liens au fil des ans et, dans les moments difficiles, il nous permet d’ancrer notre relation dans l’amour.Pour moi, ce sont toujours les choses les plus simples, comme cet échange mère-fils, qui me rappellent ma valeur, que je suis aimé, que je suis important, que je mérite d’être là, que je compte et que c’est le strict minimum.
[inaudible]
Salut maman!
Mmm hmm! Comment tu vas?
Ça va, c’est juste... Je me demandais à propos... À propos de la prière que tu as récitée pour moi.
Oui?
Je veux dire, celle que tu récites toujours pour mon anniversaire, mais la version longue. J’aimerais l’entendre encore une fois.
La version longue...
Oui, j’aimerais que tu pries pour moi... Est-ce que... parce que j’aimerais aussi l’entendre à nouveau. [Rires]
Oh?
Shey! La prière de Wa da Gba! Wa Gbo!
Oui, celle-là, mais la version pour ma fête...
Est-ce que c’est toi qui veux l’entendre ou est-ce que tu as un ami à côté de toi qui veut l’entendre?
Non, non, il n’y a personne à côté de moi. C’est juste que hum... Je me rappelle que tu as dit, tu as ajouté quelque chose à la prière la dernière fois.
Et...
D’accord... Est-ce que je m’en souviens?
[Rires]
Parfois quand on prie, quand on prie dans l’esprit, on ne se rappelle même pas ce que l’on a dit en prière. Ehhn! Mais voyons.
[Prie en yorouba] Ehennn! Ah! Je me souviens maintenant ce que j’ai ajouté.
[Rires]
[Prie en yorouba]
[Répond en yorouba]
[Prie en yorouba] Cela signifie que là où tu n’arriveras pas, là où les pas de ta vie ne te mèneront pas, tes enfants iront là, ils y feront leurs pas, ils surmonteront les épreuves, ils iront plus loin que toi dans la vie.
Oui! Ça, oui! Voilà ce que j’y ai ajouté.
C’était ça, l’ajout.
Oui!
[Prie en yorouba]
Wa da Gba.
Wa Gbo
Was so rire
Tu deviendras vieux
Wa da gba
Tu vieilliras
Tu deviendras vieux
Wa so rire
Toutes les bonnes choses de la vie, oui?
Oui, maman!
Elles viendront à toi.
Amen!
[Prie en yorouba] Tout ce que ton cœur désire, le Seigneur va te le donner.
Amen! Amen! [Rires]
Tout ce que tu lui demandes, même ce que tu ne demandes pas, ce que tu oublies de demander, il va le faire, tu sais. Et Dieu commence quelque chose, quand il commence une chose, il la complète, il la perfectionne. S’il n’a pas l’intention de faire quelque chose, il ne commence pas. Mais une fois qu’il a commencé, il va perfectionner et compléter ce don, dans ta vie, au nom de Jésus le Tout-puissant.
Amen! Amen! Merci, maman! [Rires]
Chaque fois que tu veux une prière, appelle-moi.
Oui! Je t’appellerai chaque fois.
Je prie pour vous tous, tous les jours. Je prie pour tout le monde. Je me réveille à deux heures du matin et je prie jusqu’à quatre heures. Parfois je me réveille à une heure et je prie jusqu’à trois, selon la manière dont l’esprit me porte.
Oui, j’adore ça. Oui, que dis-tu? Je préfère vraiment la prière en yoruba parce que c’est plus intime et plus significatif.
Ahh! Quand tante Bolanle prie pour toi en yorouba, Aye!
Oui, ça me donne envie de recevoir les prières, moi aussi, parce que même si…
C’est simplement plus authentique, pas vrai?
Oui, c’est plus doux.
Ahh! Quand elle prie en yorouba je m’exclame! Yé! Je pensais pouvoir parler yorouba, je ne lui arrive pas à la cheville. Du tout!
C’est génial!
Oh, comme la prière est bonne! Oh, comme la prière est bonne! Parce que parfois quand je prie je me sens renaître. Je me sens soulevée par la prière.
On se sent soulevés, oui.
Oui! Je me sens soulevée. Je sens que mon esprit est plus léger, tu sais? C’est assez pour me transporter toute la journée, tu sais?
Oui! Eh bien, merci, maman!
La prière est bonne! Tout le plaisir est pour moi, mon fils, tout le plaisir est pour moi!
Traduction par Isanielle Enright
Oluseye est un artiste canadien d’origine nigérienne. Son travail explore l’ampleur et la polyvocalité de la réalité noire et la façon dont elle se déplace dans l’espace, le lieu et le temps tout en façonnant et en modifiant le monde. Centré sur les références culturelles yoruba qui font écho à son héritage, il marie l’ancestral au contemporain et rejette la distinction binaire entre le traditionnel et le moderne, le physique et le spirituel, le passé et le futur, le nouveau et l’ancien. Imprégnant le quotidien du mythique, son travail renforce les rituels et les philosophies africains en tant que traditions vivantes, complexes et valides de la conscience noire.
crédit portrait: Andre Perry