Décoloniser et repenser les espaces publics urbains grâce à l’art des communautés autochtones, noires et de couleur
Si vous vous promenez dans les rues, que vous vous faufilez dans les espaces publics de n’importe quelle ville au Canada, vous remarquerez que l’aménagement urbain est souvent fortement dominé et imprégné d’art, d’artéfacts et d’architecture européens. En fait, tenez-vous immobile au milieu d’un espace public et regardez vers le haut, vers le bas et tout autour : vous trouverez assurément une quantité étourdissante d’héritages coloniaux européens entourés de statues, de structures et d’histoires qui, d’une certaine façon, définissent et façonnent votre ville et sa culture. L’empreinte visuelle de l’eurocentricité est partout dans la conception urbaine et tout prisme autochtone et diversifié est souvent, s’il y en a, perdu et caché parmi les labyrinthes coloniaux où la planification et la conception eurocentriques continuent de coloniser de nombreux espaces et sphères publics. En tant qu’urbaniste qui travaille dans le domaine des arts et de la culture, j’ai le sentiment que pour remodeler et décoloniser le design urbain des villes de son vernis européen, il est essentiel de poser la question suivante : « Qui planifie et conçoit réellement les espaces publics? » Autrement, « quelles voix et quels visages imaginent et façonnent les espaces publics urbains? ». Je m’intéresse à la façon dont les urbanistes et nos politiciens remettent en question les approches eurocentriques lorsqu’il s’agit de l’urbanisme et de la conception des villes, en particulier des espaces publics et de l’art public.
Il est important de comprendre que l'urbanisme dans le contexte canadien a généralement suivi le système britannique qui met l'accent sur les plans physiques, les règlements d'aménagement et les approches centralisées sur le terrain. Le design urbain tend à se préoccuper de la création des caractéristiques de la ville, y compris les espaces publics, les infrastructures, l’architecture, les transports, les paysages et les équipements collectifs, qui conduisent finalement à la formation de l’identité propre à une ville. Selon l’UNESCO, « un espace public désigne une zone ou un lieu ouvert et accessible à tous les peuples, sans distinction de sexe, de race, d’ethnie, d’âge ou de niveau socio-économique ». Ces espaces peuvent être des places, des plazas, des parcs, des plages, des trottoirs, des rues : autant de lieux où les gens se rencontrent pour profiter de la ville et socialiser. Dans ces espaces publics se trouve l’art public, c’est-à-dire des œuvres d’art uniques qui peuvent être permanentes ou temporaires, de n’importe quels médium ou genre, à l’intérieur et à l’extérieur, et qui doivent exister au bénéfice du public. D’une part, l’art public peut refléter les valeurs d’une ville, valoriser les environnements, transformer les paysages et faire participer la communauté, et d’autre part, il peut conduire à une remise en question critique de nos conceptions, de nos préjugés et de nos privilèges relativement à la manière dont chacun d’entre nous est visible ou invisible dans les espaces publics.
En tant qu’urbaniste et personne de couleur, je pense qu’il est important d’aborder la question du privilège et de la domination blanche dans la planification urbaine des villes, et de sensibiliser les gens aux préjugés coloniaux et inconscients dans la façon dont nous exploitons le territoire. Dans le monde de l’urbanisme, nous avons tendance à ne pas discuter de ce « tabou blanc » de la planification, de la conception et de la construction qui ont lieu sur des terres non cédées en milieu urbain, des terres qui appartiennent de droit aux nombreuses nations autochtones du pays. En effet, nombre d’urbanistes et d’architectes sont impatients de voir leurs plans de conception tracés sur le canevas de la terre sans toutefois prêter la moindre attention à la « justice foncière » et aux « droits territoriaux », faisant fi de l’existence des peuples autochtones, qui sont les premiers habitants de ces terres. Selon Paul Daley, un écrivain du Guardian :
« Trop souvent, cependant, la reconnaissance de la possession ancestrale et de la conservation permanente n’est qu’un discours de pure forme lorsqu’il s’agit de l’accès des Autochtones à la terre et à son utilisation. C’est particulièrement le cas dans les villes et les centres régionaux bien établis, où la terre, qui a été volée aux Autochtones il y a longtemps, est maintenant recouverte par l’infrastructure (maisons, routes, parcs, bâtiments municipaux) de l’état colonisateur... Reconnaître la “propriété” autochtone, et donc, implicitement, l’occupation et la dépossession coloniales, est une chose. Accorder aux Peuples autochtones une certaine détermination relativement aux terres sur lesquelles nos villes et nos banlieues ont été imposées en est une autre. »
C’est cette autodétermination que les Peuples autochtones continuent de revendiquer, car ils savent que leurs connaissances traditionnelles et leur gouvernance des terres peuvent apporter une immense valeur ajoutée au développement des espaces publics et des villes. Les Peuples autochtones comprennent l’importance de maintenir une gestion responsable de la gouvernance dans leurs communautés en montrant des façons de vivre avec l’environnement naturel, plutôt que de le dominer. Certaines municipalités peuvent adopter les principes de gestion autochtone de l’aménagement du territoire si elles sont réellement engagées dans la décolonisation et la mise en place de pratiques autochtonisées de planification dans la conception des villes et des espaces publics. C’est ce que confirme le conteur anishinaabe Riley Yesno, qui affirme que « les espaces publics ne sont pas conçus pour nous... un effort de décolonisation est nécessaire avant de pouvoir autochtoniser ». Cette affirmation fait naître ce que Daley appelle la contradiction de la coexistence et de la cooccupation, et soulève la question politique suivante : « Comment les Peuples autochtones et les colons allochtones partagent-ils l’espace? » Ce questionnement est crucial, surtout lorsque l’on se penche sur le déséquilibre du pouvoir relativement à l’accès à la planification et à la conception des espaces publics en milieu urbain.
L’urbanisme est un terrain glissant depuis très, très longtemps dans le contexte nord-américain. La réalité est que l’urbanisme et le développement urbain sont encore des instruments coloniaux de contrôle foncier, de domination et de ségrégation, qui « divisent et conquièrent » les Peuples autochtones et communautés racisées en les empêchant de cooccuper des espaces avec la société blanche dominante. En effet, les politiques d’aménagement du territoire, telles que le zonage racial, ont été promulguées pour la première fois aux États-Unis au XXe siècle afin d’isoler et de repousser les Peuples autochtones, noirs et racisés hors des lieux résidentiels souhaitables pour les séparer des quartiers réservés aux personnes blanches. À l’image des couvertures offertes par les premiers colons, le sentiment de pensée dominante et de supériorité de l’Europe blanche continue d’étouffer la diversité des voix et des visions relativement à la conception des espaces publics et urbains du Canada. Par conséquent, il devient presque impossible de transformer de nombreux environnements urbains en espaces dynamiques, diversifiés et inclusifs grâce au regard et aux voix des artistes et des communautés autochtones, noires et de couleur. Pour générer un sentiment authentique d’appartenance à l’espace urbain, il est impératif que les gens s’y reconnaissent, qu’ils voient leurs visages, leurs cultures et leurs histoires respectueusement intégrés et représentés sur les murs, les marches, les fondations et, surtout, sur les terrains des espaces publics.
Bien que la conception et le développement des terrains sont guidés et gérés par les autorités locales, ce sont les esprits et les mains des urbanistes qui façonnent la conception urbaine des villes. Ultimement, en matière de bureaucratie, ce sont les politiciens qui ont le pouvoir de planification entre leurs mains, et qui sont les fournisseurs et les gardiens des espaces publics. Les autorités locales jouissent d’un grand pouvoir et d’une grande latitude pour créer des espaces publics qui reflètent les réalités de leurs diverses communautés et qui mettent en valeur la mosaïque de visages et de personnes qui se promènent chaque jour dans les espaces publics du Canada. C’est pourquoi le monde de l’urbanisme doit examiner en profondeur les fondements coloniaux et européens de ses principes et s’engager dans la création d’un nouveau paradigme de « décolonisation de l’urbanisme » pour permettre la mise en place de changements radicaux. Ce paradigme doit s’aligner sur l’engagement communautaire, le respect culturel et l’action participative de manière concrète, en collaboration avec les PANDC prenant part à la conception des espaces publics.
La piste de solution privilégiée pour décoloniser l’aménagement urbain est l’emploi des arts comme outil de planification clé, puisqu’il permet de centrer l’art des artistes et des communautés des PANDC et de mettre de côté l’art européen dans les espaces publics. Ce sont les arts, dans leurs diverses formes culturelles comme les peintures murales, les sculptures, les textiles, la vannerie, la danse Kathak, les graffitis, le théâtre et la musique jazz afro-cubaine, qui peuvent jouer un rôle essentiel dans la réimagination et le remodelage des espaces publics en incluant les visions des artistes et des communautés des PANDC. La reconfiguration des villes à travers le regard des communautés des PANDC est essentielle dans le discours de décolonisation des espaces publics urbains. L’art créé par les artistes PANDC ouvre la voie à de nouvelles façons socialement justes, culturellement appropriées et dynamiques de reconquérir et de remodeler les espaces publics pour en faire des lieux d’apprentissage sur l’histoire d’une myriade de cultures, de communautés et de peuples. En d’autres termes, c’est grâce à la force de l’art que nous pouvons décoloniser nos espaces publics et mettre en lumière les bases de connaissances, les réalités vécues et les histoires culturelles des PANDC.
Il faut toutefois garder en tête l’instrumentalisation des arts et se méfier de la « démocratisation des arts », où l’art dit « d’élite » devient un symbole d’exclusivité, ce qui fait ressortir les tensions entre ceux qui peuvent se permettre, voir et créer de l’art, et ceux qui ne le peuvent pas. Le risque engendré par ce phénomène est l’appropriation des espaces et des arts publics par les bénéficiaires du privilège blanc et l’instrumentalisation du « politiquement correct » dans les arts. La réponse à ce risque est la « démocratie culturelle », c’est-à-dire la culture pour tous, par tous.
La démocratie culturelle fait appel au pluralisme, à l’équité et à la diversité en ce qui concerne les créateurs d’art, la manière dont l’art est présenté et les personnes qui en font l’expérience. Une démocratie culturelle, dans un espace public tapissé d’œuvres d’art réalisées par des artistes et des communautés des PANDC, engendre un puissant sentiment d’identité, et génère un sentiment d’acceptation et d’appartenance à ces cultures qui en sont indissociables. Ces concepts peuvent également lutter contre le racisme et la discrimination, et promouvoir l’équité, la diversité et l’inclusion au sein des villes. La démocratie culturelle dans un contexte d’administration locale peut prendre la forme d’une « planification culturelle », un concept municipal qui consiste à examiner de manière holistique tous les aspects de la vie culturelle d’une communauté en tant que « biens et ressources communautaires ». Ces atouts et ces ressources sont constitués d’organismes diversifiés sur le plan culturel, de festivals de la culture, de contes, de musées et d’art public. En envisageant l’activité culturelle comme un moyen de développement économique, social et communautaire des municipalités, ces dernières peuvent mobiliser les innombrables valeurs et avantages de la planification culturelle dans leurs propres communautés.
Dans la foulée de cette nouvelle approche, la cocréation d’espaces publics, aussi appelée le « placemaking », est une pratique d’urbanisme qui prend de l’ampleur dans les cercles de planification. Cette pratique favorise et fait progresser les approches multidimensionnelles de la conception, de la gestion et de la programmation des espaces publics. Il s’agit essentiellement d’un processus grâce auquel les planificateurs, les politiciens et les citoyens peuvent travailler ensemble pour remodeler et repenser les espaces publics et urbains. Le placemaking peut devenir un puissant outil de décolonisation lorsque l’on applique la formule Placemaking + Culture + Art, qui donne lieu à la création du PLACEMAKING CRÉATIF. Ce concept joue un rôle essentiel dans la décolonisation des espaces publics en rassemblant les artistes et les communautés des PANDC afin de créer un art public ancré dans le développement communautaire, la participation citoyenne et la démocratie culturelle.
Sachant cela, il est essentiel de centrer les voix des artistes et des communautés des PANDC dans les conversations qui ont lieu au sein du processus de création d’espaces publics. À mesure que les municipalités et les politiciens conçoivent les espaces publics, le personnel municipal doit examiner d’un œil critique la question suivante : « Comment peut-on augmenter le nombre d’œuvres d’art public réalisées par des artistes et des communautés des PANDC? » Une piste de solution s’offre déjà lorsque les municipalités développent des politiques, des plans et des programmes culturels pour que les artistes et les communautés des PANDC puissent créer des œuvres d’art représentatives de diverses cultures, ce qui a pour effet de décoloniser l’omniprésence de l’héritage blanc dans l’aménagement des espaces publics. Examinons deux exemples de bonnes pratiques de planification culturelle et de création d’espaces publics dans le district de Saanich et la ville de Vancouver. Ces municipalités ont mis en œuvre des politiques et des programmes culturels qui préconisent l’inclusion des communautés des PANDC dans la participation à la création d’art public afin de décoloniser leurs espaces.
Dans le district de Saanich, l’une des politiques municipales et communautaires en matière d’arts consiste à « intégrer les arts dans les politiques, la planification, les opérations, les parcs et les installations de la municipalité ». L’an dernier, le Service des parcs, des loisirs et de la culture a organisé, dans le cadre de sa programmation culturelle, un concours d’art public pour célébrer le 150e anniversaire du Canada. Le projet a été attribué à l’artiste autochtone Carey Newman (Hayalthkin'geme), qui est d’origine kwakwaka'wakw, salish du littoral et eurocanadienne. L’artiste a conçu trois grands Tambours de la terre, des « Earth Drums » en bois naturel, afin d’engager et de sensibiliser les gens à la vérité et à la réconciliation en leur demandant de changer leur relation avec la terre pour la comprendre, la respecter et l’honorer. En découvrant ces magnifiques instruments d’art public dans le Cedar Hill Park, nous sommes invités à jouer des tambours avec la main pour créer une musique qui résonne profondément dans la terre et se répercute dans le cœur de tous ceux qui nous entourent. Les histoires des tambours sont essentiellement des histoires de peuples, qui sont finalement des histoires du territoire. D’une certaine manière, son art murmure et fait écho au fait que la culture est guérison si nous l’écoutons. Voici en quoi consiste la décolonisation des espaces publics.
Du côté de la ville de Vancouver, une partie de son comité municipal d’art public et de sa programmation murale a permis d’établir un partenariat avec le Vancouver Mural Festival (VMF). Depuis 2016, le VMF a « produit plus de 150 peintures murales, mis en vedette 70 % d’artistes locaux, 45 % d’artistes s’identifiant comme femmes, 45 % de minorités s’identifiant elles-mêmes comme telles, et produit 26 peintures murales d’artistes autochtones ». Il s’agit d’un formidable exemple de placemaking créatif qui offre aux artistes PANDC la possibilité d’exposer leurs murales à travers les rues et les ruelles du quartier de Mount Pleasant. C’est ici, dans l’une des ruelles situées à la croisée de West Broadway et de Main Street, que l’artiste visuelle de couleur Sandeep Johal présente l’une de ses peintures murales les plus impressionnantes, intitulée « Girls are Fierce Like Tigers » (Les filles sont féroces comme des tigres). En tant qu’artiste d’origine indienne née à Kelowna, en Colombie-Britannique, Sandeep se passionne pour l’éducation de la communauté sur les questions de la violence faite aux genres, de l’autonomisation des femmes et de justice sociale d’un point de vue sud-asiatique, en peignant des murales communautaires dans des espaces publics qui représentent des filles et des femmes sud-asiatiques fortes et redoutables. Lorsque j’ai tourné le coin de la rue et que j’ai vu sa murale représentant une femme indienne debout sur un tigre, j’ai été instantanément envahie par un sentiment rare, émotionnel et magnifique d’« appartenance » et de « fierté culturelle » car, pour la toute première fois de ma vie, j’ai enfin vu une représentation de moi-même et de la culture indienne dans un espace public. Voici en quoi consiste la décolonisation des espaces publics.
La collaboration entre les municipalités et les communautés autochtones ou racisées permet de concevoir et de développer des politiques au niveau décisionnel. Ce travail collectif apporte une nouvelle lumière, une nouvelle aube de la planification culturelle où l’art des communautés des PANDC peut enfin occuper l’avant-scène dans les espaces publics, l’art européen restant en coulisses. Plus nous voyons d’œuvres d’art des communautés des PANDC dans les espaces publics, plus le processus de décolonisation de la conception urbaine des villes fonctionne. Les urbanistes et les politiciens ont le pouvoir de changer le destin des paysages urbains, de transformer les lieux colonisés en espaces décolonisés en utilisant la tribune de la création des espaces, et en faisant intervenir des voix et des visages nouveaux et divers, de l’intérieur comme de l’extérieur, pour remodeler et repenser les lieux publics et les villes. Cependant, c’est « l’intérieur » que le monde de l’urbanisme devra regarder de plus près. Il lui faudra sortir de sa zone de confort, faire preuve de courage et d’honnêteté, et prendre conscience de la façon dont le privilège blanc et la pensée coloniale sont à l’origine de la planification et de la conception des espaces publics et des villes. La raison de cette déclaration est que de nombreuses villes au Canada sont fières de se qualifier de villes « multiculturelles », mais la réalité hégémonique et hypocrite est que ces villes ont souvent une abondance d’art européen blanc dans leurs espaces publics avec peu ou pas de représentation d’art, d’artéfacts et d’architecture des artistes et des communautés des PANDC.
En effet, il s’agit d’un travail complexe et, comme le dit France Trépanier, artiste visuelle et commissaire d’ascendance kanien'keha:ka et française, c’est un « travail de cœur » lorsque nous nous engageons dans des conversations courageuses et malaisantes sur la « décolonisation des arts » dans les communautés et les villes. On ne peut qu’espérer que les urbanistes de ces municipalités soient culturellement conscients, qu’ils et elles adoptent une pensée appropriée et des comportements respectueux dans la mise en place des politiques, des plans et des programmes, tout en s’assurant que la conception des espaces publics urbains tienne compte des voix et des visions des nations autochtones et des diverses communautés. Sylvain Després, concepteur allochtone, corrobore ces propos en affirmant que « les façons autochtones de connaître, d’être et de faire constituent un ensemble d’enseignements culturels essentiels, qui contribuent à une pratique de coconception dans des contextes culturellement appropriés et réaffirment que le savoir autochtone est une caractéristique essentielle pour informer les espaces d’engagement inclusif ».
Fondamentalement, c’est l’intersection entre le Placemaking + Art + Culture qui a le potentiel d’agir comme catalyseur de la « décolonisation de la planification et de la conception » dans les villes en incluant activement les diverses voix de ceux qui sont en marge, comme les communautés des PANDC, et en exposant leurs cultures et leurs histoires dans des structures artistiques permanentes dans les espaces publics urbains. En adoptant le placemaking créatif au municipal, les urbanistes et les politiciens ont la possibilité de décoloniser les espaces publics en laissant la place à d’autres expressions artistiques, à d’autres histoires à raconter, à d’autres cultures pour inspirer et à d’autres imaginations créatives pour insuffler une nouvelle vie et une nouvelle lumière à ces espaces. Les espaces publics ne devraient pas nous séparer, mais, au contraire, nous unir.
Je crois que ce n’est qu’en démantelant les politiques d’urbanisme et de conception aux racines coloniales blanches, qui ne reflètent pas la diversité actuelle de la population, et en construisant de nouveaux paradigmes de planification de la création de lieux et de la démocratie culturelle qui incluent les voix et les visages des communautés des PANDC, que l’on transformera finalement et définitivement les villes, l’art public et les espaces publics pour qu’ils soient vraiment « pour le peuple, par le peuple ».
Ainsi, la prochaine fois que vous porterez le regard vers le haut, vers le bas et tout autour de vous dans un espace public, prenez un instant et demandez-vous : « Est-ce que je me vois ici? »
1 Personnes autochtones, noires et de couleur
Jasmindra Jawanda est une urbaniste déterminée à « créer des espaces pour les gens et les localités » qui favorisent la création de communautés diverses, inclusives, équitables, socialement justes et dynamiques. Forte de plus de 20 ans d’expérience, elle a eu une carrière riche et stimulante dans les domaines de l’aménagement du territoire, de la planification, notamment sur les plans communautaire, social, environnemental, de la diversité et de l’égalité des sexes, des arts et de la culture, du développement de la jeunesse et du développement international. Jasmindra a travaillé dans les secteurs municipal, local, privé, universitaire et à but non lucratif/ONG, tant à l’échelle locale qu’internationale, ce qui lui a permis de bien comprendre une myriade de questions de planification. Elle est titulaire d’une maîtrise en planification communautaire et régionale en plus d’avoir obtenu un baccalauréat en économie et en japonais, ainsi qu’un baccalauréat en éducation. Jasmindra a réalisé son mémoire de maîtrise dans la région amazonienne de l’Équateur dans les domaines du développement communautaire, du développement durable, du renforcement des capacités des Autochtones, du développement du genre et de la responsabilité sociale des entreprises. Actuellement, elle est engagée et passionnée par la l’accès de tous les membres de nos communautés au sentiment d’appartenance à leur quartier, à leur espace public et à leur ville. Elle est également une fervente partisane d’un urbanisme qui incite les gouvernements locaux à s’engager dans des démarches, une planification et une gouvernance en matière de diversité, d’équité, d’inclusion et de lutte contre le racisme.
Image de bannière: photo par Jasmindra Jawanda