Lors du rassemblement Primary colors/Couleurs primaires tenu au Songhees Wellness Centre situé sur le territoire Lekwungen en septembre dernier, nous avons tenu un cercle de partage sous le thème Communauté – Éthique et Art. Cet échange réunissant des artistes de diverses origines notamment des Nations autochtones Ilnu, Atikamekw et Métis ainsi que des artistes issus de la communauté haïtienne et acadienne ont donné lieu à une réflexion et à une meilleure compréhension des enjeux reliés à la créativité artistique émergente des communautés et son rapport en matière d’éthique.
Un des premiers thèmes qui est ressorti de cet échange est la notion d’identité. Chacun des participants ont témoigné de l’importance de l’expression de leur identité culturelle dans leur art. Cette expression se traduit souvent par la représentativité de leur langue, leur territoire et leur histoire. Pour eux, l’identité est un élément phare non seulement dans leur démarche créative, mais aussi dans la volonté de favoriser l’affirmation identitaire de leur nation et de leurs communautés. Tous sont d’avis que l’art est le meilleur moyen pour l’affirmation identitaire. Pour eux, il est d’autant plus crucial que l’expression identitaire et la diffusion de leur image doit être contrôlé par les artistes et créateurs de leurs communautés. Cette notion d’image et de représentation dans les arts est un enjeu actuel pour les artistes des minorités visibles, car nous nous retrouvons souvent dans des situations ou «l’autre» (représentant de la société dominante) détient le privilège de promouvoir une culture et une identité qui ne lui est pas propre. Ce constat a été observé dans les domaines de la littérature et du cinéma particulièrement.
Les discussions sur la notion d’identité ont bien attendu donné lieu à des échanges sur les questions et les enjeux touchant la notion d’appropriation culturelle, et ce, sous plusieurs angles. Sans nécessairement faire le procès des problématiques existantes en rapport avec l’appropriation culturelle relevé par les communautés, nos discussions ont surtout permis de faire un état des lieux et d’identifier des pistes de solutions qui permettront un meilleur contrôle dans la diffusion et la promotion de l’identité culturelle. Une des pistes de solutions qui a été révélé est l’importance de sensibiliser les instances et les institutions afin que ceux-ci accordent et permettent aux représentants des communautés de prendre la direction et le contrôle de leurs projets culturels et artistiques. Il est déterminant que les instances de soutien aux arts comprennent l’importance d'attribuer aux artistes les moyens d’encourager la gouvernance de leur pratique.
En somme, les thématiques proposées dans ce cercle de partage ont permis de soulever des points de vues forts intéressants sur les questions d’éthique notamment mais surtout, les échanges ont pu valider de la vision commune des artistes sur la nécessité d’accroitre le potentiel de l’art pour contribuer à l’affirmation, à la guérison et l’autodétermination des communautés. Au travers les démarches de création artistique, nous devons défendre et protéger l’expression de notre imaginaire empreinte de nos richesses culturelles et qui témoigne des valeurs et conceptions du monde qui sont propres à nous.
David Ng est un artiste queer féministe et cofondateur de Love Intersections, un collectif d’arts médiatiques composé d’artistes queer de couleur. David est un défenseur passionné de la justice sociale, qui a également cofondé et œuvré au sein de nombreuses campagnes artistiques anti-oppression et de nombreux projets allant de campagnes féministes contre la violence à l’effort de décolonisation, en passant par la sécurité culturelle, l’antiracisme et d’autres formes d’art et d’activisme pour la justice sociale.